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Pour une hospitalité élargie selon une perspective amérindienne
Vers les années 1980, au Venezuela, j’ai écouté un récit relatif à un peuple originaire qui est resté gravé dans ma mémoire comme quelque chose qui devait être soigneusement analysé et travaillé à un moment donné, car il apportait un éclairage sur mes sentiments de l’époque, en tant que migrante et, par la suite, à ma pensée en tant que migrantologue : lorsque des personnes appartenant à un certain peuple entreprennent des voyages, une fois arrivés à leur destination, ils restent immobiles et silencieux pendant plusieurs heures, attendant que leur âme arrive et rejoigne leur corps. Ce peuple comprend que le corps se déplace plus vite que l’âme et que les mouvements liés au voyage et à la migration produisent un décalage entre l’ordre objectif du soma (corps) et l’ordre subjectif de la psyché (âme). Dans ce texte nous cherchons à comprendre cette scène à partir d’une perspective différente de l’hospitalité, en tant que moment spécifique et intensif d’un être par définition pluriel se tissant dans la Relation, le mouvement, et le devenir. Pour faire jouer différemment la relation espace-temps impliquée dans la migration, le voyage, l’arrivée et l’accueil, on abordera dans un premier temps de manière critique la tradition indo-européenne, en montrant comment la problématique générale de l’hospitalité a été enfermée dans les limites du don sacrificiel et de l’économie violente de l’identité/différence ; dans un deuxième temps, nous nous tournerons vers une autre façon de penser l’accueil, qui suppose l’altération et l’implication mutuelles de l’être-avec-autrui du nous-autrui, à partir des scènes amérindiennes qui fondent notre façon particulière de consteller le social…
- Authors
Ana Paula Penchaszadeh
- Year
- 2025
- Journal Name
- cahiers critiques de philosophie 2025/ Nº 30
- Category
- Journal Article
- Keywords
- Venezuela